Face à l’engouement général des Français pour la discipline ostéopathique et l’incroyable augmentation de la démographie des professionnels, les syndicats, les écoles et l’État se sont unis pour cadrer peu à peu la profession. Retour sur les chiffres de la pratique ostéopathique et les réformes liées à la formation des futurs praticiens.
L’ostéopathie est une médecine manuelle répertoriée par l’Organisation Mondiale de la Santé. Lors de la convention européenne d’ostéopathie, on définit cette discipline à la fois comme « une science, un art et une philosophie des soins de santé ». Les manipulations des praticiens ont pour objectif de prévenir, réharmoniser, remédier aux troubles fonctionnels, structurels du corps humain.
Apparue en Europe dans le premier quart du XXe siècle, l’ostéopathie est aujourd’hui très populaire, chez les professionnels de santé, les étudiants et la population française. On estime que 30 à 40 % de la population a déjà eu recours à un ostéopathe. Les jeunes se tournent de plus en plus vers ces techniques de soin. La discipline attire peu à peu personnes âgées et parents de jeunes enfants. Les causes de cet engouement sont multiples. La profession est désormais reconnue, + de 85 % des mutuelles proposent dorénavant un remboursement partiel ou total des soins. Les ostéopathes ne sont plus seulement libéraux, on les retrouve aussi au sein des maisons de retraite, des hôpitaux, des clubs sportifs, voire des entreprises. En 10 ans, la démographie professionnelle a quant à elle fortement augmenté. Au 1er janvier 2014, on comptait pas moins de 21 876 professionnels, soit 1 ostéopathe pour 3374 habitants. On retrouve les ostéopathes exclusifs, qui représentent près de la moitié des effectifs, et les professionnels de santé (médecins, masseurs-kinésithérapeutes et autres). Hélas, le marché est peu à peu saturé. L’offre sera bientôt plus forte que la demande. Les différents acteurs de l’ostéopathie tendent à encadrer plus strictement la profession et la formation dans un objectif de qualité des soins octroyés aux patients.
Une profession désormais reconnue
En Europe, la science ostéopathique continue d’évoluer depuis le XXe siècle. La Grande-Bretagne a reconnu la profession dès 1993. En France, les ostéopathes ont dû attendre 2002 pour se faire reconnaître juridiquement. La loi Kouchner du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé a en effet déclaré que les ostéopathes et les chiropracteurs exerçaient désormais une discipline médicale en tant que telle. À partir de ce jour, la profession est encadrée. Auparavant, seuls les médecins et les kinésithérapeutes étaient autorisés à pratiquer cette discipline. L’exercice ostéopathique est aujourd’hui réservé aux personnes portant le titre professionnel d’ostéopathe, obtenu suite à une formation spécifique initiale ou continue (pour les professionnels de santé). Pour être valable, le diplôme doit être délivré par un établissement de formation agréé par le ministère de la Santé.
Les décrets d’application de la loi ont été mis en place en 2007. Ils définissent les actes et conditions d’exercice, les contenus minimaux de la formation. Enfin, ils énumèrent les critères d’agrément permettant pendant quatre ans aux écoles de délivrer les enseignements théoriques et pratiques de l’ostéopathie. Enfin, le 25 janvier 2011, un arrêté du ministère du Travail a fait enregistrer le Diplôme d’Ostéopathe (DO) au RNCP (Répertoire National des Certifications Professionnelles) pour trois ans, au niveau I. La profession est alors bel et bien reconnue et délimitée juridiquement. Mais bon nombre d’acteurs ont jugé cette première phase insuffisante et encore préliminaire. Depuis, syndicats, professionnels, écoles et étudiants font tout leur possible pour affiner la définition de l’exercice et l’enseignement de leur discipline de prédilection.
Vers une réforme de la formation ostéopathique
En 2014, 76 établissements de formation étaient référencés. En comparaison, on compte seulement une dizaine d’écoles au Royaume-Uni. Avec plus de 11.000 étudiants dans les salles de cours et de travaux pratiques, prés de 2500 personnes de plus sont diplômées chaque année en France, et ainsi autorisées à exercer. Or, les syndicats estiment qu’il ne faudrait pas plus de 700 à 800 diplômés par an. L’objectif affiché est bien sûr la qualité des soins médicaux, mais aussi économique. Les établissements souhaitent garantir l’insertion professionnelle de leurs étudiants.
Une réforme est amorcée depuis quelques années pour réétudier notamment les conditions d’agrément des écoles d’ostéopathie françaises. C’est chose faite depuis le 12 septembre 2014. Les nouveaux agréments seront adressés aux écoles pour la rentrée 2015. L’admission à la formation d’ostéopathie se fait sur dossier et concours, mais un numerus clausus devrait être bientôt mis en place pour réduire le nombre de jeunes diplômés. Enfin, l’État et les institutions liées à la profession tablent sur la rédaction d’un référentiel de formation. Des référentiels de profession et de compétences existent déjà, homogénéiser la formation (un programme commun sur cinq ans) serait un pas de plus vers la qualité et l’excellence de la discipline.